Par Cyrille GARNIER
Cyrille GARNIER nous explique ce qu’est la levée de fonds, et comment elle fonctionne.
Cyrille GARNIER nous explique ce qu’est la levée de fonds, et comment elle fonctionne.
Retranscription des termes de la vidéo :
Q : Qu’est-ce qu’une levée de fonds et comment ça marche ?
R : Une levée de fonds, c’est l’instrument juridique qui va permettre au chef d’entreprise de financer le développement de l’activité de sa société ou de financer un projet qui nécessite des fonds propres importants. En fonction de l’évolution et du stade de développement de la société, mais également du montant recherché, le chef d’entreprise aura affaire à différents investisseurs financiers.
Dans le premier cas, les besoins de financement sont inférieurs à 500.000 euros, et là on se tournera plutôt vers ce qu’on appelle de la Love money, c’est-à-dire des montants qui sont investis par les proches du chef d’entreprise, ce sont les fameux « 3F » : Family, Friends & Fool, c’est-à-dire la famille, les amis et les proches qui sont suffisamment fous pour croire au projet du chef d’entreprise.
Ensuite, lorsque l’on est sur une fourchette plus importante, c’est-à-dire 500.000 à 1 million d’euros, là on est typiquement dans ce qu’on appelle l’ Equity gap, c’est-à-dire que c’est un montant qui est trop important à financer pour les proches du chef d’entreprise et en même temps pas suffisamment élevé pour intéresser un investisseur financier. Dans ces cas-là, on se tournera plutôt vers des Business Angels qui sont organisés en réseaux, qui investissent chacun des tickets entre 5.000 et 50.000 euros, et la somme de ces tickets permettra de constituer l’enveloppe recherchée, et au-delà du financement qui est apporté par le Business Angel, le chef d’entreprise bénéficiera en plus de l’expérience et des réseaux des Business Angels.
Et enfin, lorsque les montants recherchés sont supérieurs à 1 million d’euros, il faudra se tourner vers des fonds d’investissement spécialisés dont le profil variera en fonction soit de la nature d’activité de la société, soit de son niveau de développement.
Dans tous les cas, il est très important – même impératif – de s’entourer de Conseils très en amont du processus de levée de fonds, parce que les premiers échanges, même s’ils peuvent sembler informels, sont très structurants pour la suite des négociations. Dès le début, un certain nombre de documents juridiques seront échangés entre les parties :
₋ L’accord de confidentialité, qui va couvrir les informations échangées entre les parties dans le cadre de leurs discussions préliminaires ;
₋ Ensuite, la lettre d’intention qui va être émise par l’investisseur financier et qui a vocation à décrire les modalités de son investissement, la valorisation qu’il entend retenir de la société dans laquelle il va investir, et surtout les conditions sous lesquelles il accepte d’investir ;
₋ Et c’est là qu’on va rentrer dans le « dur » de la négociation, c’est-à-dire le pacte d’actionnaire avec un certain nombre de rubriques qui sont maintenant bien identifiées par les professionnels et qui concernent à la fois la gouvernance, l’intéressement du management, et la stabilité de l’actionnariat. Si on les prend une par une :
- La gouvernance, c’est la volonté de trouver un accord entre le chef d’entreprise et l’investisseur financier pour se partager le pouvoir au sein de la société. Cela ne veut pas dire que l’investisseur financier a vocation à prendre les rênes de l’entreprise, au contraire, il est plutôt un partenaire du chef d’entreprise ; mais malgré tout, il va vouloir contrôler son investissement, surveiller comment cet investissement est géré, et donc demander à avoir un certain nombre d’informations relatives à la gestion de la société, ce sont ce qu’on appelle les clauses de reporting, aux termes desquelles le chef d’entreprise s’engagera à remonter un certain nombre d’informationsà l’investisseur financier. Ce sont également toutes les clauses qu’on retrouve de manière classique, qui sont relatives à la nécessité d’informer au préalable l’investisseur financier de toute décision structurante relative à la société. Et pour les décisions les plus importantes qui engagent la société sur le long terme, alors là l’investisseur demandera à ce que son autorisation préalable soit recherchée. Donc ça c’est l’aspect gouvernance.
- Concernant la stabilité de l’actionnariat, évidemment, l’investisseur financier qui investit dans la société investit sur une équipe et donc souhaite que cette équipe reste « investie dans la société ». On va donc mettre en place des outils juridiques qui auront vocation à contrôler les cessions de titres entre les parties et notamment entre les cadres-dirigeants.
- Et enfin la troisième rubrique importante pour le chef d’entreprise c’est évidemment l’intéressement, puisqu’on est sur un partenariat et l’idée c’est quand même, à terme, de partager une plus-value entre l’investisseur, le chef d’entreprise et l’équipe dirigeante qui est intéressée, et là c’est un certain nombre de mécanismes qui ont vocation à récompenser les équipes dirigeantes de leur travail dès lors que des performances financières de la société ont été atteintes, où le business plan a été respecté ; et puis, si on trouve un tiers cessionnaire qui accepte de racheter la participation de l’investisseur financier, de convenir des modalités de partage de cette plus-value entre l’investisseur financier et l’équipe dirigeante.
Donc on est vraiment dans un partenariat qui doit être gagnant-gagnant, et pour que cela fonctionne, il faut impérativement que le chef d’entreprise qui, par ailleurs, pendant toutes ces négociations doit gérer l’entreprise, s’entoure de Conseils qui puissent un peu le délester de cette négociation qui, malgré tout, prend un peu de temps.