Appréciation de la contrefaçon de marque sur Facebook – TGI Paris, 28 novembre 2013, RG n°12/13628

Le jugement illustre le fait que, pour apprécier la licéité de l’usage de la marque d’autrui sur Facebook, les critères classiques d’appréciation de la contrefaçon sont appliqués.

La créatrice d’un site internet et d’une page Facebook dédiée à sa série télé préférée a eu la surprise de constater la fermeture de ladite page par Facebook à la demande de la société productrice de la série en raison de l’atteinte prétendue à ses marques.

Après avoir vainement demandé le rétablissement de cette page, qui comptait plus de 600.000 fans lesquels avaient été fusionnés avec ceux de la page officielle de la série, elle assigna donc la société de production et Facebook afin de faire rétablir la page fermée et ce, sous astreinte. Pour s’y opposer, la productrice arguait d’une atteinte à ses marques.

Le TGI devait donc examiner si la reproduction des marques sur la page Facebook était constitutive ou non de contrefaçon.

Le Tribunal commence par rappeler que l’atteinte à une marque suppose que le signe soit utilisé dans le cadre de la vie des affaires, à savoir qu’il se situe dans le contexte d’une activité commerciale visant un avantage économique, et qu’il porte atteinte aux fonctions essentielles de la marque, en particulier à sa fonction de garantie d’origine.

Les juges vont conclure à l’absence d’atteinte aux marques au terme d’un examen particulièrement circonstancié des usages reprochés. A cette fin, ils relèvent que la page en cause, une page publique dédiée à une série télé et non une page de profil, ne revêtait pas pour autant une nature professionnelle ; la présence du logo et du nom de la série n’est pas davantage de nature à lui conférer un tel caractère.

Les juges relèvent également que l’organisation de jeux concours sur cette page n’étant pas payante, il n’était pas établi que la demanderesse en ait tiré des avantages économiques. Enfin, le nombre très important de fans de la page ne permet pas nécessairement de retenir l’existence d’actes relevant de la vie des affaires.

En définitive, selon le Tribunal, à défaut de prouver que la demanderesse ait recherché à promouvoir, par l’usage des marques en cause, la commercialisation de produits ou services à son profit, la contrefaçon ne pouvait être retenue. Le jugement illustre le fait que, pour apprécier la licéité de l’usage de la marque d’autrui sur Facebook, les critères classiques sont appliqués.

Sommaire

Autres articles

some
La cour d’appel de Paris apporte des précisions sur le régime applicable en matière de violation de licence de logiciel
La cour d’appel de Paris a, dans un arrêt du 19 mars 2021, considéré que la violation d’un contrat de licence de logiciel ne relevait pas de la responsabilité délictuelle mais de la responsabilité contractuelle.
some
Publication d’un avis de la Commission Supérieure du Numérique et des Postes portant recommandations dans le domaine de la sécurité numérique
La CSNP a publié [...] un avis portant recommandations dans le domaine de la sécurité numérique, et plaidant notamment pour la création d’un parquet national consacré à la cybercriminalité et pour la création d’un dispositif dédié au paiement des rançons
some
Le Conseil d’Etat se prononce sur la conservation des données de connexion à des fins de sauvegarde de la sécurité nationale
Dans une décision en date du 21 avril 2021, le Conseil d’Etat s’est prononcé sur la conformité du droit français au droit européen en matière de conservation des données de connexion par les fournisseurs de services de communications électroniques.
some
Le révolutionnaire avis client
À l’heure où le marketing traditionnel est remis en cause, l’importance de l’avis client est grandissante. 88 % des internautes consultent les avis clients avant un achat en ligne et 73 % avant un achat en boutique .
some
La Commission européenne apporte des éclaircissements concernant les transferts de données personnelles vers le Royaume Uni
La Commission européenne a annoncé avoir engagé des démarches pour autoriser de façon générale les transferts de données à caractère personnel vers le Royaume Uni en publiant le 19 février 2021 deux projets de décisions dites « d’adéquation ».
some
Blocage de sites proposant des produits contrefaisants
En cas d’atteinte à une marque, le titulaire de celle-ci peut solliciter des mesures de blocage d’accès à des sites internet auprès des FAI sur le fondement de l’article 6-I-8 de la LCEN.