Encore aujourd’hui, et alors que le marché intérieur se rétrécit, les entreprises françaises n’exportent pas suffisamment. Les entreprises françaises exportent peu par rapport à l’Italie ou à l’Allemagne.
Dans notre pays, les exportations ne représentent, en effet, que 25 % du PIB contre 41 % pour l’Allemagne et 30 % pour l’Italie. Bien plus, sur les 100.000 sociétés exportatrices en France, seulement 18.000 environ réalisent 97 % des exportations.
Or, en cette période où la croissance stagne dans l’hexagone, celle-ci passe plus que jamais par l’international. Les entreprises françaises le savent bien. Elles ont d’ailleurs doublé leurs implantations à l’international et ont également fortement investi en capitaux propres à l’étranger – 250 Md€ – autant que leurs voisines allemandes et italiennes.
Cependant, avec 31 % des ETI ou 10 % des PME, quasiment rien pour les TPE, majoritairement dans les domaines de l’industrie, alors que pour les entreprises du CAC40 80 % de leur chiffre d’affaires provient de l’international, les exportations des TPE/PME françaises sont très insuffisantes.
Les motifs de cette situation sont divers.
Tout d’abord, les entrepreneurs français bénéficient d’un marché intérieur important d’où la moindre motivation d’aller voir ailleurs. Mais ce n’est pas tout.
Dans la conjoncture actuelle, les TPE/PME, aussi les ETI, sont rattrapées par un quotidien qui nuit aux réflexions stratégiques qui imposent d’impliquer l’export. Les entreprises préfèrent épargner et stocker les fonds propres plutôt que de développer à l’international. A court terme, ces positions sont certainement prudentes mais dans une approche moyen et long terme elles seront certainement insuffisantes, notamment dans les industries et services où la demande du marché intérieur régresse.
Enfin, il faut exporter en « meute » comme le font l’Allemagne ou l’Italie. Les structures d’accueil à l’étranger doivent être regroupées, les entreprises du CAC40 doivent tirer les ETI qui doivent tirer les PME qui doivent tirer les TPE… Est-il encore normal de voir, dans certains salons professionnels à l’étranger, des allées entières d’entreprises allemandes regroupées quand les entreprises françaises sont aux quatre coins ? Assurément pas.
Il apparait également que les aides publiques et parapubliques sont ce qu’elles sont, c’est-à-dire environ 600 M€ si on inclut les aides régionales ou locales. C’est très peu en vérité et la question est posée de savoir s’il ne serait pas préférable de supprimer toute aide en contrepartie d’allègements fiscaux conséquents au regard des formules actuelles qui doivent être améliorées, à l’instar du crédit d’impôt prospection commerciale (qui s’applique aux dépenses engagées (déplacements, études de marché, traductions, salons,… à hauteur de 50 % des dépenses et dans un plafond de 40.000 euros), de l’assurance prospection de Coface (assurance contre les risques à l’export qui demande d’engager des dépenses importantes) ou encore des prêts de développement export Bpifrance ou des aides des régions.
La question est aussi de faire ces choix d’exportation. L’organisation économique mondiale s’organise essentiellement entre les Etats-Unis, le Japon, la Chine, l’Europe (Allemagne, France, Italie), la Russie, le Moyen-Orient, l’Amérique du sud, et sans doute l’Afrique à moyen terme.
En France, la Direction des entreprises et de l’économie internationale retient sept pays clés : Algérie, Chine, Émirats arabes unis, Japon, Inde, Mexique, Russie. Même si cette analyse n’est pas étrangère à une position plus politique cette approche est intéressante.
En fait, tout dépend de la nature de l’activité, des moyens que l’entreprise est prête à engager, de son adaptabilité à des clés du succès. Il faut également penser aux opportunités croisées notamment entre la France, les Etats Unis, la Chine, le Japon, le Moyen-Orient, le Brésil et l’Afrique. Par exemple aujourd’hui, la Chine très présente aux Etats Unis et en Afrique, cherche à s’introduire en Europe et en Amérique du Sud. Il faut sans doute favoriser également des pays où les structures d’accueil sont les plus abouties.
En définitive, l’internationalisation des entreprises est indispensable et, même s’il n’existe pas de « recette » quelques idées peuvent être avancées. Tout d’abord, le développement international se vit en « mode projet » au sein de l’entreprise, c’est-à-dire dans le cadre d’une réflexion d’ensemble, en équipe organisée. La première des questions est d’ailleurs de savoir pourquoi aller à l’international et il ne faut pas confondre croissance, expansion ou internationalisation. Une des clés du succès repose sur l’adaptation des produits au marché et aux mentalités pour répondre aux attentes des consommateurs.
Ensuite, au même plan, le facteur humain est essentiel.
D’une part, que ce soit en France ou dans le pays concerné, il faut s’entourer de ceux qui seront le plus à même de porter le projet parce qu’ils ont la compétence et partagent la culture de l’entreprise. Le couple français/local est souvent utile.
D’autre part, le chef d’entreprise doit être prêt à sacrifier de son temps et donc s’investir personnellement, notamment en se déplaçant dans le pays concerné pour voir et comprendre.
Enfin et surtout, l’entrepreneur doit mesurer la capacité d’’adaptabilité de l’entreprise dans le pays dont il doit intégrer à la fois les mentalités, les modes de fonctionnement, les us et coutumes, le comportement du consommateur cible, etc… Car in fine, les clés du succès reposent aussi sur l’adaptation du couple produit/marché. L’adaptation de la gamme, pour répondre aux attentes des consommateurs dans tous les marchés, est essentielle aujourd’hui.
L’état d’esprit à l’étranger est aussi primordial et l’entrepreneur français, franc comme l’était nos ancêtres, un peu gaulois, qui galvanise et transporte, peut être perçu parfois comme arrogant. La transformation nécessaire à l’étranger de l’état d’esprit d’une entreprise vient surtout de la mentalité et de l’expérience de ses hommes qui doivent s’adapter en toutes circonstances.
Enfin, on ne peut terminer cette chronique sans parler de la Chine. Dans ce pays, l’état d’esprit est encore différent car le chef d’entreprise parle assez peu. Il montre l’exemple à suivre dans son comportement et non dans ses mots. La compréhension des signes et des symboles est essentielle dans un pays où les relations humaines sont primordiales car tous les gens sont importants dans l’organisation.
SIMON ASSOCIES est présent en Chine depuis trois ans. Nous apprenons avec notre allié, le cabinet ZHONG YIN (1500 avocats dans 25 villes), mais aussi avec les deux avocats de notre cabinet présents au sein des bureaux de PEKIN et de SHANGHAI. Nous accompagnons ainsi les entreprises françaises qui souhaitent s’implanter en Chine et les entreprises chinoises qui souhaitent investir en France. L’année 2014 sera marquée par l’anniversaire des 50 ans de l’amitié franco-chinoise. Une date symbole très forte.
En conclusion, le développement de l’internationalisation des PME et TPE françaises, ne nous apparaît pas « utopique ». C’est juste une question de choix, de volonté, de travail et comme toujours il faut croire en soi.