Marque non distinctive et défaut d’accomplissement des formalités – CA Versailles, 9 septembre 2014, RG n°13/00986

L’enjeu qui s’attache à l’accomplissement des formalités suite à la cession d’une marque est illustré avec évidence dans cet arrêt qui, au surplus, revient sur le mode d’appréciation de la distinctivité d’une marque.

La société Bistrot Parisien titulaire de la marque « Le Bistrot du Parisien » également co-propriétaire avec Monsieur X de la marque « Le Bistrot Parisien » agissait en contrefaçon en raison de l’usage de la dénomination « Le Bistrot Parisien ». Seule la société Bistrot Parisien avait relevé appel suite à la cession à son profit, par Monsieur X., de sa quote-part de la propriété de la marque intervenue entre le prononcé du jugement et la déclaration d’appel. Or, les formalités d’inscription au registre national des marques de ladite cession n’avaient pas été accomplies et ce, alors que l’article L.714-7 du CPI prévoit que toute transmission des droits attachés à une marque doit, pour être opposable aux tiers, être inscrite sur le registre national des marques. La Cour juge donc que la société Bistrot Parisien n’est pas recevable à former seule des demandes en cause d’appel dès lors qu’elle n’est pas considérée comme étant propriétaire de la marque, vis à vis des tiers. La validité de la marque « Bistrot du Parisien », autre fondement de la demande, était contestée pour défaut de caractère distinctif. La Cour va conclure à la nullité de la marque. Les juges relèvent en effet que la dénomination « Bistrot Parisien » est entrée dans le langage courant pour désigner un type spécifique de restauration, servant une cuisine simple et traditionnelle, situé à Paris ou évoquant une certaine image de Paris. Les termes « bistrot » et « parisien » désignent donc les caractéristiques essentielles des services de restauration couverts par la marque « Le Bistrot du Parisien », l’ajout de l’article « du » ne faisant que renforcer l’évocation d’un bistrot destiné à l’habitant de Paris ou l’image d’un habitant de Paris. Aussi, la Cour conclut que la dénomination « Le Bistrot du Parisien », n’est pas seulement évocatrice des services visés au dépôt de la marque, mais sert à désigner, au sens de l’alinéa b) de l’article L.711-2 du CPI, les caractéristiques essentielles des services de restauration rendus. La marque étant annulée, les demandes au titre de la contrefaçon sont rejetées.

Sommaire

Autres articles

some
Publication d’un avis de la Commission Supérieure du Numérique et des Postes portant recommandations dans le domaine de la sécurité numérique
La CSNP a publié [...] un avis portant recommandations dans le domaine de la sécurité numérique, et plaidant notamment pour la création d’un parquet national consacré à la cybercriminalité et pour la création d’un dispositif dédié au paiement des rançons
some
Le Conseil d’Etat se prononce sur la conservation des données de connexion à des fins de sauvegarde de la sécurité nationale
Dans une décision en date du 21 avril 2021, le Conseil d’Etat s’est prononcé sur la conformité du droit français au droit européen en matière de conservation des données de connexion par les fournisseurs de services de communications électroniques.
some
La cour d’appel de Paris apporte des précisions sur le régime applicable en matière de violation de licence de logiciel
La cour d’appel de Paris a, dans un arrêt du 19 mars 2021, considéré que la violation d’un contrat de licence de logiciel ne relevait pas de la responsabilité délictuelle mais de la responsabilité contractuelle.
some
Le révolutionnaire avis client
À l’heure où le marketing traditionnel est remis en cause, l’importance de l’avis client est grandissante. 88 % des internautes consultent les avis clients avant un achat en ligne et 73 % avant un achat en boutique .
some
La Commission européenne apporte des éclaircissements concernant les transferts de données personnelles vers le Royaume Uni
La Commission européenne a annoncé avoir engagé des démarches pour autoriser de façon générale les transferts de données à caractère personnel vers le Royaume Uni en publiant le 19 février 2021 deux projets de décisions dites « d’adéquation ».
some
La reconnaissance faciale : un enjeu de société pour le citoyen européen
La CNIL s’est emparée du sujet considérant le 15 novembre 2019 que la reconnaissance faciale est de plus en plus présente dans le débat public aux niveaux national, européen et mondial. Cette technologie soulève des questions inédites touchant à des...