Allégations environnementales : le Conseil d’Etat donne son feu vert aux interdictions visées pas la loi AGEC

Allégations environnementales : Le Conseil d'Etat donne son feu vert aux interdictions visées pas la loi AGEC

Il est interdit pour un professionnel de faire figurer sur un produit ou un emballage, les mentions « biodégradable », « respectueux de l’environnement », ou toute autre mention équivalente, dès lors que de telles allégations sont trop générales pour être exactes ou vérifiables.

 

Depuis l’entrée en vigueur de la loi n°2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, dite « loi AGEC » et, en particulier, de son article 13-1, il est désormais interdit de faire figurer sur un produit ou un emballage les mentions « biodégradable », « respectueux de l’environnement », ou toute autre mention équivalente. Le décret n°2022-748 du 29 avril 2022 relatif à l’information du consommateur sur les qualités et caractéristiques environnementales des produits générateurs de déchets est venu préciser les modalités d’application de ce texte.

 

Par une requête et un mémoire en réplique en date du 13 juin 2022 et 30 avril 2024, deux fédérations professionnelles ont saisi le Conseil d’Etat afin que soient annulés l’article 1er et le III de l’article 3 du décret susvisé, estimant que l’application de ces dispositions était de nature :

  • d’une part, à entraîner des coûts importants, notamment en raison de la nécessité de fabriquer de nouveaux produits et emballages et de l’impossibilité d’écouler les stocks dans les délais prescrits par le III de l’article 3 du décret litigieux (soit avant le 1er janvier 2023) ; et
  • d’autre part, à conduire à l’interdiction de toute allégation environnementale ou de tous les labels certifiant les qualités environnementales des produits.

 

Dans sa décision en date du 31 mai 2024 (n°464945), le Conseil d’Etat considère que le législateur et le pouvoir réglementaire ont défini avec suffisamment de précision le champ de l’interdiction qu’ils énoncent, à savoir, faire figurer sur un produit ou un emballage les mentions « biodégradable », « respectueux de l’environnement » ou toute autre mention équivalente, dans la mesure où il s’agit d’allégations environnementales trop générales pour être exactes ou vérifiables.

 

Plus précisément, le Conseil d’Etat indique dans sa décision que le législateur a souhaité renforcer la protection de l’environnement en interdisant de faire figurer sur des produits ou emballages « des allégations environnementales qui renvoient à des notions qui ne font l’objet d’aucun consensus scientifique, ou qui, en l’état de la technique, sont trop générales pour être vérifiables » afin de pouvoir proscrire « des allégations pouvant présenter, en l’état de la technique, un caractère trompeur ou ambigu pour le consommateur susceptible de susciter la confusion sur le geste de tri ou l’incidence du produit sur l’environnement ».

 

En sus de l’amende administrative prévue par l’article L. 541-6-4-1 du Code de l’environnement d’un montant maximal de 15.000 € pour une personne morale, il convient de rappeler que le fait de mentionner sur un produit ou un emballage, des allégations environnementales de nature à induire le consommateur en erreur est susceptible de constituer une pratique commerciale trompeuse en application de l’article L. 132-2 du Code de la consommation. En conséquence une telle pratique peut être sanctionnée d’une peine d’emprisonnement de deux ans et d’une amende de 300.000 euros pouvant être portée, de manière proportionnée, aux avantages tirés du délit, à 10 % du chiffre d’affaires moyen annuel (calculé sur les trois derniers chiffres d’affaires annuels connus à la date des faits), ou à 80 % des dépenses engagées pour la réalisation de la publicité ou de la pratique constituant ce délit.

 

Article extrait de la Lettre de la Consommation, rédigée par Justine Grandmaire, avocate Counsel et Claire Sicard, avocate

Sommaire

Autres articles

some
LMR #157 : Découvrez international-franchising.com
Découvrez international-franchising.com Votre guide incontournable pour explorer les opportunités de franchise à l’échelle mondiale. Que vous soyez un entrepreneur en quête de nouvelles perspectives ou une entreprise cherchant à étendre son réseau, ce site vous offre des informations précieuses, des…
some
LMR #156 : Les impacts et enjeux des procédures collectives sur le sort du contrat de franchise
Les impacts et enjeux des procédures collectives sur le sort du contrat de franchise La procédure collective du franchisé a des impacts sur le contrat de franchise. Le seul fait qu’une procédure collective soit ouverte au bénéfice d’un franchisé ne…
some
LMR #155 : Les clauses innovantes pouvant être intégrées au contrat de franchise
Les clauses innovantes pouvant être intégrées au contrat de franchise La technique contractuelle évolue en permanence, et ces dernières années plusieurs dispositifs novateurs ont émergé. La clause d’évolutions est celle par laquelle le franchisé accepte, selon un délai et des…
some
Le contour de l’interdiction du refus de vente à un consommateur
Le contour de l'interdiction du refus de vente à un consommateur Par principe, il est interdit pour un professionnel de refuser de vendre un produit ou un service à un consommateur. Par exception, le refus de vente est autorisé lorsqu’il…
some
Droit de rétractation et remboursement du consommateur par le professionnel
Droit de rétractation et remboursement du consommateur par le professionnel Lorsque le consommateur exerce son droit de rétractation, le professionnel est tenu de rembourser le consommateur des sommes versées par ce dernier dans un délai maximal de 14 jours à…
some
Identifiant unique : mention obligatoire dans les CGV
Identifiant unique : mention obligatoire dans les CGV Toute personne physique ou morale soumise au principe de la responsabilité élargie du producteur est tenue de faire figurer dans ses CGV, ou si elle n’en dispose pas, sur tout autre document…