Réparation du préjudice issu de la rupture brutale des relations commerciales établies – CA Paris, 16 oct. 2013, RG n°10/11053

Photo de profil - SIMON François-Luc | Avocat Associé-Gérant - Docteur en droit | Lettre des réseaux

SIMON François-Luc

Avocat Associé-Gérant - Docteur en droit

Cet arrêt présente le double intérêt de rappeler les critères de la distribution sélective et d’offrir une illustration de la réparation du préjudice issu de la rupture de relations commerciales établies.

La Cour d’appel de Paris a rendu, le 16 octobre dernier, un arrêt présentant le double intérêt de rappeler les critères de la distribution sélective et d’offrir une illustration de la réparation du préjudice issu de la rupture de relations commerciales établies.

En premier lieu, la Cour tranche le litige opposant les parties sur la qualification du contrat, le distributeur soutenant qu’il s’agissait d’un contrat de distribution sélective, le fournisseur ne partageant pas cette analyse. Pour ce faire, la Cour relève que, si le fournisseur n’agréait ses revendeurs que s’ils répondaient à une charte de qualité, il n’était pas prouvé que seuls les revendeurs agréés pouvaient revendre ses produits. La qualification de distribution sélective est par conséquent exclue.

Dans le périmètre de la caractérisation de la rupture brutale, et après avoir écarté la faute du distributeur, la Cour retient les critères suivants : les relations commerciales duraient depuis 9 ans ; le distributeur commercialisait également des produits d’autres fournisseurs ; il n’était pas établi que le fournisseur avait agi avec mauvaise foi ; la rupture avait été opérée avec un préavis de 2 mois. Cette rupture est jugée brutale et la Cour retient que, compte tenu des éléments précités, le préavis aurait dû être de 9 mois.

Pour calculer le montant des dommages-intérêts dus par le fournisseur, la Cour retient que le chiffre d’affaires réalisé par le distributeur avec le fournisseur n’était que de 3 % au cours de l’année ayant précédé la rupture et que le distributeur a continué à s’approvisionner auprès du fournisseur et à vendre ses produits après la rupture. Compte tenu de ces éléments et du non-respect du préavis raisonnable, la Cour condamne le fournisseur à payer au distributeur 50.000 € de dommages-intérêts.

Sommaire

Autres articles

some
Black Friday : les 3 règles indispensables à respecter en matière tarifaire
Black Friday : les 3 règles indispensables à respecter en matière tarifaire Le « Black Friday » (ou « vendredi noir » en français) est une tradition venant des Etats-Unis qui est pratiquée en France depuis quelques années. Il s’agit d’une journée (le dernier…
some
La résiliation en trois clics c’est désormais possible !
La résiliation en trois clics c’est désormais possible ! Ce qu’il faut retenir : Afin de respecter les exigences de la réglementation relative à la résiliation en trois clics et ainsi, éviter toute sanction à ce titre, vous devez notamment :…
some
Le cumul des sanctions administratives validé par le Conseil constitutionnel
Cons. const., décision n°2021-984 QPC, 25 mars 2022 Le Conseil constitutionnel déclare conformes à la Constitution les dispositions de l’article L. 470-2 VII du Code de commerce relatif au cumul de sanctions administratives relevant de pratiques anticoncurrentielles. Partant, une même…
some
Clause de non-concurrence et justification du savoir-faire du franchiseur
CA Paris, Pôle 5, Chambre 4, 30 mars 2022, n°20/08551 La Cour d’appel de Paris est venue préciser la jurisprudence antérieure relative à l’application d’une clause de non-concurrence au sein d’un contrat de franchise. Elle a considéré que la clause…
some
Validité de l’acte de cautionnement comportant des termes non prévus par la loi
Cass. com., 21 avril 2022, n°20-23.300 Le fait que la mention manuscrite apposée sur l’acte de cautionnement comporte des termes non prescrits par l’article L.341-2 du Code de la consommation dans son ancienne rédaction n’affecte aucunement de manière automatique la…
some
Le règlement d’exemption, quel impact pour les réseaux ?
Retrouvez François-Luc Simon dans le podcast "Le Talk Franchise" lors de Franchise Expo Paris.